Congé maternité pour les indépendants et auto-entrepreneurs, que dit la loi ?
Depuis le 1er janvier 2018, la protection sociale des indépendants ne dépend plus du régime social des indépendants (le RSI). Comme les salariés, elle est dorénavant confiée et gérée par le régime général de la Sécurité sociale, avec une mise en place progressive jusqu’en 2020. Le congé maternité, tout comme les prestations sociales qui en découlent, ont ainsi connu tout récemment des modifications pour les travailleurs indépendants. Explications.
Un congé maternité plus long pour les indépendants et les auto-entrepreneurs
La loi n°2018-1203 du 22 décembre 2018 qui prévoit le financement de la Sécurité sociale pour l’année 2019 a apporté notamment des modifications en ce qui concerne le congé maternité des indépendants et des auto-entrepreneurs, nommés maintenant micro-entrepreneurs, « dans un objectif de préservation de la santé de la mère et de l'enfant, tout en restant adapté aux spécificités de leurs activités » comme il est mentionné dans ses termes. L’objectif de la loi est également de faire en sorte que toutes les femmes, salariées ou non, bénéficient des mêmes droits en matière de congé maternité.
Ainsi, il a été décidé qu’à partir du 1er janvier 2019, le congé maternité des femmes indépendantes, chefs d’entreprise, ainsi que des conjointes collaboratrices de dirigeants d’entreprise, était porté à 112 jours, soit 16 semaines. Depuis cette date, la durée de leur congé maternité est donc la même que celle octroyée aux femmes salariées, alors qu’auparavant, elles ne pouvaient prétendre qu’à 10 semaines d’arrêt, excepté en cas de naissances multiples.
Afin de s’adapter aux conditions de travail particulières des indépendantes et auto-entrepreneures, la loi prévoit également une expérimentation à partir du 1er janvier 2020 permettant la reprise de leur activité à temps partiel tout en continuant à être indemnisées par les prestations sociales maternité.
Des conditions pour bénéficier d’un congé maternité différentes et assouplies
La loi de financement de la Sécurité sociale du 22 décembre 2018 a également apporté de la souplesse dans les conditions à remplir jusqu’alors par les indépendants et auto-entrepreneurs pour bénéficier d’un congé maternité. Ainsi, la condition d’obligation d’être à jour de ses cotisations sociales pour prétendre à un congé maternité a été supprimée et va rentrer en vigueur le 1er janvier 2020.
D’autre part, la loi a aussi instauré, pour des raisons de santé publique, une durée minimale obligatoire d’arrêt de travail des femmes indépendantes et auto-entrepreneures durant leur maternité. Cette durée obligatoire (qui conditionne le versement des prestations sociales maternité) est de 8 semaines qui se répartissent ainsi : 2 semaines avant la naissance et 6 semaines après. Si l’état de santé de l’indépendante ou de l’auto-entrepreneure l’exige, le congé maternité peut être prolongé sur prescription médicale pour une durée de 30 jours maximum.
Les prestations d’assurance maternité des indépendants et auto-entrepreneurs
Depuis le 1er janvier 2018, toujours selon la même loi, et qu’il s’agisse d’une naissance ou d’une adoption, les assurés indépendants et auto-entrepreneurs de la Sécurité sociale doivent justifier de 10 mois d’affiliation au titre d’une activité non salariée à la date présumée de l’accouchement ou à celle de l’adoption. S’il n’y a pas eu d’interruptions entre ces périodes, celles qui correspondent à l’exercice d’une autre activité professionnelle ou d’une indemnisation au titre du chômage peuvent être prises en compte dans le calcul de ces 10 mois.
On entend par prestations d’assurance maternité les allocations versées au titre d’un congé de maternité, d’un congé d’adoption, d’un congé de paternité ou d’un congé d’accueil d’un enfant. Leur montant varie selon le revenu d’activité annuel moyen (c’est-à-dire les bénéfices pour les indépendants non auto-entrepreneurs et du chiffre d’affaires déclaré à l’URSSAF pour ces derniers) des indépendants concernés. Ainsi, les montants indiqués ci-dessous sont minorés de 10 % pour les indépendants dont ce revenu d’activité est inférieur à 3 920 euros.
Le détail des prestations d’assurance maternité dont peuvent bénéficier les non-salariés :
L’allocation forfaitaire de repos maternel
Cette allocation est d’un montant de 3 377 euros en cas de grossesse, de 1 688,50 euros lors d’une adoption. Pour en bénéficier, il est obligatoire de cesser toute activité professionnelle durant la période d'indemnisation. Elle est versée pour moitié au début de l'arrêt et pour l’autre moitié au terme du congé de maternité obligatoire.
L’indemnité journalière d’interruption d’activité
Cette indemnité est allouée à l’indépendant ou l’auto-entrepreneur pendant son arrêt de travail obligatoire (au minimum de 8 semaines). Elle est de 55,51 euros par jour pour une naissance simple.
L’indemnité de remplacement pour la conjointe collaboratrice
Cette indemnité de 54,33 euros par jour concerne les conjointes collaboratrices qui cessent leur activité pendant une partie de leur grossesse et qui se font remplacer au sein de l’entreprise par une personne salariée pendant au moins 8 semaines.
Dossiers similaires
- Salaire net, salaire brut, salaire chargé : explications par l'exemple ! Le salaire est la contrepartie monétaire de tout travail. Versé le plus souvent mensuellement, le salaire est fixé librement entre l’employeur et le salarié ou par des conventions applicables...
- Période d'essai d'un salarié : quelles règles ? Quelle durée ? Une période d'essai permet à un salarié de vérifier que le poste où il est nouvellement recruté correspond bien à ses attentes notamment. De la même manière, une période d'essai est...
- Qu'est-ce qu'un mi-temps thérapeutique ? Quelles conditions ? Quelle indemnisation ? Le mi-temps thérapeutique permet à un salarié d’aménager un temps de travail partiel en entreprise pour raison de santé. Zoom sur ce dispositif prévu par le Code du travail et le Code de la...
- Travail à temps partiel : définition, spécificités, type de contrat de travail 18 % des salariés, soit 4,3 millions de personnes, travaillent à temps partiel en France. Il s’agit de salariés dont le temps de travail est inférieur à la durée légale du travail ou, si...
- Entretien professionnel : réglementation, objectifs et organisation Dans le cadre de son activité au sein d’une entreprise, un salarié doit bénéficier tous les deux ans, en principe, d’un entretien professionnel. Obligatoire, cette rencontre individuelle...
- Certificat de travail et attestation de travail : quelles différences ? Vous avez forcément déjà entendu ces deux appellations que sont « certificat de travail » et attestation de travail ». Vous pensiez qu’il s’agissait de documents identiques ? Et pourtant...
- Licenciement pour cause réelle et sérieuse : qu'est-ce que ça veut dire ? Le licenciement pour cause réelle et sérieuse concerne en particulier ce que l'on appelle le licenciement d'ordre personnel, c'est-à-dire qui est en lien direct avec le salarié lui-même (son...
- Quelles conditions pour accueillir un contrat d'apprentissage en entreprise ? Un contrat d'apprentissage est un véritable contrat de travail signé entre un jeune, le plus souvent, et un employeur qui permet à ce salarié de suivre dans une entreprise une formation...
- Être assimilé salarié : qu'est-ce que ça veut dire ? Le statut d’assimilé salarié peut être choisi par un dirigeant d’entreprise qui souhaite se rattacher au régime général de la sécurité sociale afin de bénéficier d’avantages sociaux...
- Temps de travail d'un salarié en déplacement : comment gérer ? Quelles règles ? De nombreux salariés sont contraints d’effectuer chaque jour des déplacements professionnels. Il faut dire que cette notion est large puisqu’elle englobe aussi bien le trajet entre le domicile...
- Transformer un CDD en CDI : quelle procédure ? Le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) est la forme normale d'une relation de travail. Il s'agit du contrat de travail le plus favorable pour un salarié qui bénéficie dans ce cas du...
- Solde de tout compte : définition, obligations de l'employeur Un solde de tout compte est un document qu'un employeur doit obligatoirement remettre à son salarié à la fin de son contrat de travail, au même titre notamment qu'un certificat de travail et...