Documents administratifs d'une entreprise : combien de temps les garder ?
Dans le cadre de la vie d’une entreprise, de nombreux documents administratifs à vocations diverses sont produits chaque jour, chaque semaine, chaque mois et/ou chaque année. Au fil des années, leur volume grandit. Néanmoins, il faut savoir que la loi a fixé une durée légale de conservation pour chaque catégorie de document. En effet, il n’est pas possible de les jeter ou de les détruire avant un certain temps, sous peine de sanctions, mais aussi de s’exposer au risque de ne pas être en mesure de fournir de preuve en cas de litige.
Mais alors, quelle est la durée légale de conservation des documents administratifs d’une entreprise ? Quelle est l’utilité d’une telle précaution ? À quoi s’exposent les entreprises qui ne respectent pas les durées fixées ? Que faire de ces documents une fois le délai expiré ? Nos réponses dans ce dossier.
Pourquoi faut-il conserver les documents administratifs d’une entreprise ?
Une entreprise se doit de conserver les documents administratifs relatifs à son activité au cours de sa vie sociale et pendant un certain temps après sa fermeture. Il est également nécessaire de conserver les documents liés à des contrats résiliés. Pourquoi de telles précautions ?
D’une part, parce que ces documents administratifs font office de preuve en cas de contrôle administratif ou de litige. Ils constituent en effet les preuves de l’existence de droits, d’obligations, etc. Par ailleurs, ils participent de l’historique de l’entreprise et de son activité. Il est donc impératif de conserver ces documents administratifs pendant une durée minimale légale.
Combien de temps conserver les documents administratifs d’une entreprise ?
La durée légale de conservation des documents administratifs d’une entreprise varie en fonction de leur nature.
Les documents comptables : 10 ans au minimum
Les documents comptables de l’entreprise que sont les livres et registres comptables doivent être conservés au moins 10 ans après leur clôture, comme le prévoit l’article L. 123-22 du Code du commerce.
Ceci concerne notamment le livre journal, la balance générale annuelle, les inventaires, les bilans et les comptes de résultat, les comptes auxiliaires, etc.
Ces documents comptables sont liés à différents documents d’investissements (contrats d’investissements, documents d’acquisition ou de cession de biens, contrat de participations, etc.) et à différents autres contrats (assurances, devis, leasing, emprunts, factures, bons de commande, bons de réception, bons de livraison, etc.).
Les documents fiscaux : 10 ans au minimum
Les documents liés à la fiscalité de l’entreprise doivent être conservés pendant un délai minimal de 10 ans.
Ceux-ci comprennent tous les documents relatifs au paiement des impôts, des taxes et droits divers, mais également les justificatifs de TVA.
Les documents sociaux : de 3 ans à une durée illimitée
La durée de conservation des documents sociaux varie en fonction de leur nature.
- Les rapports (conseil d’administration, gérant, commissaire aux comptes, etc.) doivent être gardés pendant 3 ans, tel que le prévoit l’article L.235-9 du Code du commerce.
- Les documents tels que les convocations, les pouvoirs et les feuilles de présence sont à conserver 3 ans.
- Les dossiers du personnel (pièces comptables relatives aux salaires, honoraires, livre de paie, etc.) doivent être conservés au moins 5 ans, tel que le prévoit l’article L.3245-1 du Code du travail.
- Les documents relatifs aux statuts de l’entreprise doivent être conservés 5 ans après retrait du RCS (Registre du commerce et des sociétés), tel que le prévoit l’article 2224 du Code civil.
- Les registres des procès-verbaux doivent être conservés pendant 5 ans, tel que le prévoit l’article 2224 du Code civil.
- Les dossiers relatifs aux actions et aux parts sociales doivent être conservés au moins 10 ans, et au moins 5 ans après la cession de l’entreprise.
- Les bulletins de salaire doivent être conservés pendant 10 ans.
- Les registres des titres nominatifs (fiches individuelles de répartition de la participation et de l’intéressement) doivent être conservés pendant 30 ans.
- Les dossiers d’accidents du travail et de maladie professionnelle sont à conserver pour une durée illimitée.
Les documents commerciaux : de 3 à 10 ans
L’article L. 123-22 du Code du commerce stipule que les documents commerciaux doivent être conservés pendant une durée minimale de 10 ans. Ceci comprend les accords industriels, les contrats commerciaux, mais aussi les commandes des clients et des fournisseurs.
En revanche, les déclarations en douane sont à conserver 3 ans au moins.
Les documents de l’Urssaf : 6 ans au moins
Les documents de l’Urssaf relatifs au contrôle des cotisations sociales et au recouvrement sont à conserver pendant au moins 6 ans après émission.
Quels risques en cas de non-conservation ?
La définition de délais de conservation légaux contraint chaque entreprise à leur strict respect. Dans le cas contraire, la société s’expose à des sanctions. En effet, il suffit de consulter l’article 1734 du Code général des impôts pour constater que l’entreprise peut se voir appliquer une amende de 10 000 euros si elle ne conserve pas ses documents fiscaux ou si elle les détruit avant le délai fixé par la loi. À noter que cette amende est appliquée pour chaque document fiscal sollicité et non présenté.
Mais ce n’est pas tout. En effet, l’entreprise qui se débarrasse de ces documents administratifs ne dispose plus de preuve officielle pour se justifier et se défendre en cas de litige avec un client ou un fournisseur. Il en va donc de sa propre défense.
Comment jeter les documents administratifs d’une entreprise ?
Une fois passé le délai légal de conservation des documents administratifs d’une entreprise, il est légitime de se questionner sur la manière de les traiter.
L’archivage
Ce n’est pas parce que la loi a fixé des délais minimaux de conservation qu’il est obligatoire de se débarrasser définitivement des documents « périmés ». En effet, il est tout à fait possible de se tourner vers une solution d’archivage externalisée ou de les conserver sur un fichier électronique réservé à cet effet.
La destruction
L’autre option consiste à détruire les archives une fois le délai légal de conservation expiré. Pour ce faire, vous pouvez investir dans l’achat d’une broyeuse ou faire appel aux services d’une entreprise spécialisée qui se charge du broyage des documents de manière sécurisée et de leur recyclage, si celui-ci est autorisé et possible.
À noter que la destruction ou l’archivage des documents administratifs périmés doivent être effectués de manière régulière, c’est-à-dire une fois par an ou tous les six mois, afin de mieux gérer le flux des documents conservés au sein de l’entreprise.
Dossiers similaires
-
Transmettre son entreprise : comment s'y préparer ? Nos conseils Vous êtes un chef d’entreprise et vous prévoyez de transmettre celle-ci dans un futur plus ou moins proche. Avant de vous lancer, sachez que cette opération nécessite la réalisation de...
-
Comment gérer les conflits entre associés dans une tpe / pme ? S’associer pour créer une entreprise est souvent une solution adoptée lorsque plusieurs personnes ont un projet (commercial ou de prestations de service) commun. Mais une telle association...
-
Qu'est-ce que le Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale (PMSS) ? Utilité et fonctionnement En France, une grande partie des cotisations sociales versées par les salariés et les employeurs qui servent à financer des prestations sont plafonnées, c'est-à-dire que leur montant ne peut pas...
-
Organigramme en entreprise : quelle utilité ? Comment le mettre en place ? Un organigramme est très utile à concevoir pour une entreprise, surtout lorsqu’elle se développe. Il s’agit d’un schéma destiné à représenter visuellement la structure d’une...
-
Tout savoir sur la TVS (Taxe sur les Véhicules de Sociétés) Toutes les entreprises qui possèdent ou utilisent des véhicules particuliers, dit aussi véhicules de tourisme, doivent payer la taxe sur les véhicules de sociétés (TVS). Quels véhicules sont...
-
Qu'est-ce que l'analyse PESTEL ? Quelle utilité pour l'entreprise ? L’analyse PESTEL est un outil très utile en entreprise, puisqu’il se base sur l’étude de plusieurs facteurs afin de favoriser la mise en place d’une stratégie efficace dans le cadre de la...
-
Part de marché : définition, comment l'estimer pour son entreprise ? La part de marché est un bon moyen pour une entreprise de se positionner sur le marché de son secteur d’activité par rapport à ses concurrents. Elle peut être calculée en tenant compte du...
-
Qu'est-ce que le ROCE (Return On Capital Employed) : comment le calculer ? Lorsqu’une entreprise doit mesurer sa capacité à générer du profit au regard des capitaux qu’elle a investis, elle peut prendre en compte le calcul du ROCE ou return on capital employed. Le...
-
9 outils de gestion indispensables à son entreprise ! Une entreprise peut utiliser tout un panel d’outils pour gérer son activité et sa structure au quotidien. Si ces logiciels et applications peuvent sembler pour certains désuets, ils présentent...
-
Réduction du capital d'une entreprise : pourquoi, quand, comment ? Une entreprise doit fixer le montant de son capital social au moment de sa création et le spécifier dans ses statuts. Toutefois, au cours de sa vie, l’évolution de sa situation peut l’amener...
-
Facturation électronique pour toutes les entreprises : caractéristiques et conditions D'ici 2026, toutes les entreprises établies en France, et qui sont assujetties à la TVA, vont devoir émettre obligatoirement des factures au format électronique dans un souci de modernisation...
-
Le front-office d'une entreprise : qu'est-ce que c'est ? Quelle définition ? On entend souvent parler de back-office, sans doute un peu moins de front-office. Back et front sont deux contraires en anglais. Dans le monde professionnel, certains termes qui paraissent simples...