Pourquoi un auto-entrepreneur ne devrait pas avoir qu'un seul client ?

Bien des micro-entrepreneurs qui débutent fonctionnent un certain temps avec un seul client. Cette situation est également possible au cours de la vie d’une entreprise, lorsque l’activité fluctue ou alors pour se consacrer à un client unique qui fournit la majeure partie des missions et du chiffre d’affaires de l’indépendant. Pourtant, avoir un seul client lorsque l’on est un auto-entrepreneur est une erreur. D’une part, cette situation peut être considérée comme un salariat déguisé. Mais plus grave encore, le travailleur non salarié s’expose à tout moment au risque de tout perdre. Dépendre d’un unique client peut en effet être séduisant et confortable, mais si la collaboration prend fin, le micro-entrepreneur se retrouve du jour au lendemain sans chiffre d’affaires et sans revenus. Faisons le point sur le sujet.
Le risque de salariat déguisé
Le premier risque que prend un micro-entrepreneur qui n’a qu’un seul client est celui d’être accusé de salariat déguisé. Or, le propre du micro-entrepreneur est d’être indépendant, c’est-à-dire d’exercer sous le statut de travailleur non salarié. Cette indépendance lui permet d’accepter ou de refuser en toute liberté les missions et les contrats qui lui sont proposés. En conséquence, lorsque l’auto-entrepreneur ne travaille qu’avec un unique client, son chiffre d’affaires ne dépend que des missions que celui-ci lui confie, ce qui peut être perçu comme du salariat déguisé d’un point de vue économique et juridique.
Salariat déguisé ou indépendant à client unique ?
Pour savoir si un auto-entrepreneur est dans une situation de salariat déguisé ou s’il est véritablement indépendant vis-à-vis de son client unique, il convient de se poser certaines questions.
En effet, l’emploi déguisé peut être suspecté si le micro-entrepreneur :
- a créé sa micro-entreprise sous l’incitation de ce client unique ;
- se voit imposer des contraintes horaires ou certaines conditions de travail ;
- n’est pas libre de fixer ses tarifs ;
- ne peut choisit librement ses éventuels prestataires.
Si vous avez le moindre doute sur votre situation, n’hésitez pas à prendre contact avec un cabinet de conseil. Certes, toute prestation pour un client, unique ou pas, peut être accompagnée de certaines contraintes, mais celles-ci ne doivent pas entraver votre liberté en tant que travailleur indépendant. Si vous vous voyez imposer trop de points, notamment en matière de fonctionnement et d’organisation, méfiez-vous ! Votre relation avec votre client unique doit bien s’inscrire dans un cadre d’égal à égal et non de subordination.
Quels risques en cas de salariat déguisé ?
En tant que micro-entrepreneur, vous ne risquez pas grand-chose dans les faits si la situation de salariat déguisé est reconnue. Vous risquez essentiellement de perdre vos libertés d’action, ce qui peut cependant s’avérer inconfortable. Néanmoins, si l’Urssaf constate la situation ou si vous lui signifiez votre cas, vous risquez surtout de voir votre contrat avec votre client unique requalifié, vous faisant passer de travailleur indépendant « prestataire » à salarié de l’entreprise de celui-ci. Toutefois, les cas de requalification ne sont pas fréquents.
L’inconfort lié au fait de travailler sous le statut d’indépendant, mais en tant que salarié déguisé, peut vous contraindre dans votre organisation de travail et dans votre fonctionnement. Nous l’avons dit, votre « client » unique peut vous imposer des contraintes de travail qui ne correspondent pas à vos attentes. Mais sachez également que le fait de travailler comme un salarié tout en étant sous le statut d’indépendant ne vous permet pas d’être protégé pour autant. En effet, vous ne pouvez prétendre aux avantages sociaux d’un salarié (mutuelle, congés payés, indemnités en cas d’arrêt de travail, etc.) alors que vous assurez les mêmes missions.
Les risques sont cependant plus grands pour l’entreprise qui pratique le salariat déguisé. En effet, si le micro-entrepreneur dénonce la situation, ou parfois même dans le cadre d’un simple conflit, l’entreprise risque une condamnation. Généralement, lorsque le recours à un micro-entrepreneur est requalifié en contrat de travail, l’entreprise est alors contrainte d’intégrer l’ex-indépendant à ses effectifs. Elle doit donc le considérer comme un véritable salarié, s’acquitter de ses cotisations sociales à l’Urssaf, lui verser ses salaires, ses indemnités et autres sommes dues en fonction de son poste, etc. Toutefois, si l’entreprise est accusée d’emploi dissimulé, elle peut être contrainte de verser une amende conséquente de plusieurs dizaines de milliers d’euros et son dirigeant peut écoper d’une peine de prison.
En conséquence, vous l’aurez compris, le risque de salariat déguisé est avant tout important pour l’entreprise, bien davantage que pour le micro-entrepreneur. Toutefois, le fait de n’avoir qu’un unique client présente un autre risque bien plus élevé pour le travailleur indépendant, celui de le perdre et de se retrouver ainsi sans chiffre d’affaires, du jour au lendemain.
Le risque de dépendance à un client unique
Le plus grand risque pour l’entrepreneur qui ne travaille que pour un seul client est de perdre celui-ci. Le fait de n’avoir qu’un unique client entraine une relation de dépendance qui est bien trop compromettante pour le micro-entrepreneur. En effet, si celui-ci souhaite changer de prestataire, s’il désire cesser son activité ou encore s’il fait face à des difficultés financières,et qu’il met ainsi un terme à cette collaboration, le travailleur indépendant se retrouve du jour au lendemain sans rentrée d’argent, donc sans chiffre d’affaires et, par voie de conséquence, sans revenus.
Certes, le fait de n’avoir qu’un seul client est une situation fréquente lorsqu’une micro-entreprise est créée, car se constituer un portefeuille de clients réguliers peut être difficile et long. Parfois, se consacrer à un client unique qui représente une large partie de son chiffre d’affaires et quitter peu à peu ses plus « petits clients » pour se dédier à 100 % aux missions de son client le plus intéressant est tentant, mais le risque est bien trop grand.
Il ne faut jamais oublier que tout partenariat peut prendre fin du jour au lendemain, pour une raison ou une autre. Mettre tous ses œufs dans le même panier est une erreur que bien des indépendants font, soucieux de satisfaire les exigences d’un client intéressant et de s’assurer des revenus plus confortables par la même occasion. Mais diversifier sa clientèle en s’assurant d’autres attaches est essentiel pour préserver son activité, même si cela exige de grands sacrifices – notamment horaires ou organisationnels.
En somme, il est important que le micro-entrepreneur consacre un certain temps à la prospection pour étendre son portefeuille de clients et pour cesser cette dépendance à un client unique, qui, si elle peut être avantageuse à l’instant T, présente bien trop de risques pour le maintien et le développement de son activité.
Nos conseils pour ne pas dépendre d’un seul client
Vous l’aurez compris, en tant que micro-entrepreneur, il vous faut impérativement éviter de ne dépendre que d’un client unique. Vous ne devez pas simplement assurer vos services avec qualité, mais également penser au bon fonctionnement de votre entreprise et de votre activité afin de ne pas risquer de perdre votre chiffre d’affaires. Il est nécessaire de consacrer du temps au développement de votre activité et à la recherche de nouveaux clients. Cela va vous demander du temps et de l’investissement personnel, mais cette précaution est indispensable pour votre bien-être et pour éviter le risque de ne plus avoir de revenus suffisants pour vivre.
Comment s’y prendre ? Voici quelques conseils pour vous y aider.
Appuyez-vous sur les outils numériques
Les outils numériques sont nombreux pour vous permettre de gagner en visibilité et de présenter votre activité. Vous pourrez ainsi attirer de nouveaux clients. Pour ce faire, voici quelques suggestions :
- créez-vous un joli site web bien référencé, attractif et fonctionnel qui présente votre entreprise, votre activité, etc. ;
- soyez présent sur les réseaux sociaux au travers de pages pros que vous ferez vivre régulièrement ;
- créez un blog pour partager divers sujets qui vous concernent et qui vous tiennent à cœur ;
- appuyez-vous sur les médias tels que LinkedIn et autres pour étendre votre réseau professionnel.
Dédiez du temps à la prospection
Bien des micro-entrepreneurs décident de consacrer une demi-journée par semaine à la prospection. Cela leur permet d’être certains de s’y appliquer et les résultats se font ainsi plus rapidement sentir.
Installez-vous dans un espace de coworking
Vous pouvez tout à fait partager votre bureau ou votre espace de travail avec d’autres indépendants et professionnels, un bon moyen d’élargir votre réseau et de vous dénicher une nouvelle clientèle. En outre, vous pouvez bénéficier des conseils et des expériences des uns et des autres, un petit plus bienvenu !
Participez à des rencontres
N’hésitez pas à gagner en visibilité en participant à des événements, des salons, des rencontres, des expositions et autres dans votre secteur géographique d’intervention, voire ailleurs. Vous pouvez ainsi y faire de belles rencontres et élargir votre clientèle.
Élargissez vos compétences
Vous pouvez également diversifier votre travail et développer d’autres compétences afin d’attirer une nouvelle clientèle et de répondre à de nouveaux besoins.
Dossiers similaires
-
L'Excédent Brut d'Exploitation (EBE) : explication et calcul L’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) est un indicateur financier indispensable à connaître pour tout chef d’entreprise. Selon qu’il est positif ou négatif, il indique si l’activité...
-
À quoi servent les normes ISO ? Sont-elles réellement utiles pour l'entreprise ? Les normes ISO représentent pour les entreprises des certifications gages de qualité, de bonne gestion, de respect de l’environnement ou encore d’une utilisation de l’énergie conforme aux...
-
Actionnaire salarié : définition, rôle, avantages et inconvénients Être actionnaire salarié constitue l'une des formes qui permet d'épargner dans son entreprise, soit de placer son argent dans le capital social de cette dernière pour espérer des gains si son...
-
Qu'est-ce qu'une liquidation judiciaire ? Procédure et conséquences Une liquidation judiciaire intervient lorsqu’une entreprise enregistre des pertes et qu’elle n’est plus en mesure de payer ses créanciers. Cette procédure juridique, qui consiste à mettre...
-
Fonction support en entreprise : de quoi parle-t-on ? Quelle utilité ? Pour que les activités de votre entreprise soient rondement menées, elles ont besoin de fonctions supports. Ce sont tout simplement les métiers qui ne sont pas le cœur de l’entreprise à...
-
Compte bancaire professionnel 100% en ligne : est-ce possible ? Comment choisir ? Vous vous lancez à votre compte. Votre société va bientôt voir le jour et vous souhaitez ouvrir un compte bancaire professionnel. À l’heure du numérique, vous avez le choix entre une banque...
-
Comment faire un rétroplanning pour une action en entreprise ? Le terme de rétroplanning désigne un calendrier prévisionnel élaboré en partant de la date à laquelle une action doit être terminée, et non au départ de cette dernière comme avec un...
-
Qu'est-ce qu'un escompte : définition, avantages et intérêt pour l'entreprise Un escompte est une opération de financement qui permet à une entreprise d’obtenir des liquidités, soit auprès de ses clients, soit auprès d’une banque. Un avantage non négligeable en...
-
Auto-entrepreneur : comment gérer un contrôle Urssaf ? Comme toutes les entreprises, un auto-entrepreneur peut faire l'objet d'un contrôle de l'Urssaf destiné à vérifier s'il déclare de la bonne manière ses cotisations et contributions sociales,...
-
Le crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des TPE/PME Le crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des TPE/PME est destiné à inciter financièrement les petites entreprises à entreprendre des travaux pour améliorer l’efficacité...
-
Chambre des Métiers de l’Artisanat (CMA) : quelles fonctions, quelles missions ? La Chambre des Métiers de l’Artisanat ou CMA est un organisme qui rend possible l’accompagnement et le développement des entreprises artisanales. Les CMA ont été instituées par la loi du 26...
-
Comment financer le rachat d'une entreprise ? Racheter une entreprise nécessite d’avoir recours à son épargne personnelle pour justifier de sa motivation et de son sérieux notamment. Mais cet apport ne suffit pas à couvrir l’ensemble du...

