Violence en entreprise : comment gérer le problème ? Qui alerter ?
Le lieu de travail est censé être un espace sûr et sécurisé pour les collaborateurs. Pourtant, la violence en entreprise est une réalité. Humiliations, menaces verbales ou écrites, insultes, discrimination, coups… les formes que la violence au travail peut revêtir sont multiples. Quoi qu’il en soit, le chef d’entreprise est responsable de la sécurité et de la santé de ses salariés, raison pour laquelle il doit prendre des mesures pour les protéger et pour prévenir ce type de comportement. Faisons le point dans ce dossier.
Gérer la violence au travail en entreprise
On distingue trois formes de violence en entreprise :
- la violence verbale (intimidation, insultes, menaces, humiliations, discrimination, etc. ;
- la violence non verbale (menaces écrites) ;
- la violence physique (blessures, coups, destruction de biens, etc.
Pour un chef d’entreprise, la violence au travail doit être prise au sérieux. En plus de compromettre la sécurité et le bien-être au travail, il faut savoir que l’employeur est considéré comme responsable de toutes les violences subies par les salariés en interne sur le lieu de travail et en externe si elles se déroulent sur le lieu de travail, tel que le stipulent les articles 4121-1 et 4121-2 du Code du travail. Cette responsabilité s’explique par le fait qu’un employeur est garant de la sécurité et de la santé de ses salariés au sein de son entreprise. Il lui faut donc impérativement agir et prendre des mesures adaptées à la situation.
Toute forme de violence en entreprise peut commencer par un simple incident, une remarque négative, voire un comportement inadapté susceptibles d’entrainer une réaction violente, qu’elle soit psychologique ou physique.
Que faire en cas de violence en entreprise ?
Voici les étapes à suivre en cas de situation de violence en entreprise.
Étape n°1 : mettre un terme aux violences
Aucun dirigeant d’entreprise ne peut laisser ses salariés exercer une forme de violence au sein de l’entité, qu’elle soit verbale, non verbale ou physique, à destination d’un collaborateur, d’un client ou d’un partenaire. Ce point crucial relève tout simplement de la discipline générale de l’entreprise.
En conséquence, le chef d’entreprise doit réagir afin de faire cesser ces violences le plus tôt possible. Il s’agit d’un devoir de protection de la santé physique, de la santé mentale et de la sécurité de tout salarié.
Étape n°2 : comprendre pour mieux agir
Lorsqu’un cas de violence au travail est avéré, le chef d’entreprise doit prendre des mesures adaptées. Toutefois, il lui faut connaitre le déroulé des événements. Pour ce faire, il lui faudra échanger avec les personnes concernées ainsi qu’avec les éventuels témoins de la scène dans le but de recueillir un maximum de témoignages qui lui permettront de comprendre ce qui s’est passé.
Il convient notamment de savoir si le fait est ponctuel ou s’il est répété.
Dans le souci de privilégier le dialogue, une procédure de médiation peut être proposée aux personnes concernées, en fonction des conditions de l’agression. Le chef d’entreprise peut s’appuyer sur un médiateur ou sur les services de santé au travail pour ce faire.
Étape n°3 : la sanction
Toute manifestation de violence en entreprise doit être sanctionnée. Si elle n’est pas punie, l’entreprise peut laisser penser que de tels agissements sans sont conséquence. Or, la non réaction est une porte ouverte à la récidive, voire à l’aggravation de la violence.
L’employeur peut prononcer une sanction disciplinaire à l’encontre du salarié agresseur. Les entreprises de plus de 50 salariés doivent disposer d’un règlement intérieur. Ce document peut lister les sanctions possibles en cas de violence au travail. A défaut, seul le licenciement peut être prononcé. Attention, car un acte de violence survenu en riposte ne peut justifier d’une mesure de licenciement dans la mesure où le salarié a fait preuve de violence en réaction à une agression dont il était victime.
Étape n°4 : la prévention
L’obligation de préserver la sécurité et la santé des salariés impose à tout chef d’entreprise de mettre en place des mesures préventives destinées à éviter toute situation de violence au travail. Si ces mesures n’ont pas été mises en œuvre avant l’incident, il est impératif d’organiser rapidement une opération préventive de qualité et adaptée destinée à rappeler les consignes comportementales en entreprise, les conséquences de la violence au travail ainsi que les aides dont les victimes peuvent bénéficier. Soulignons toutefois que même si cette prévention a déjà été dispensée antérieurement, le fait qu’un tel événement se soit produit peut donner lieu à un rappel des règles préventives.
Rappelons, bien entendu, que la prévention mise en place et les sanctions prises mises en œuvre sont destinées à éviter que la situation se reproduise. Un suivi de la victime et de l’auteur des violences est donc indispensable au sein de l’entreprise et les accompagnements adaptés doivent leur être proposés.
L’employeur peut prendre contact avec le Comité social et économique (CSE) de son entreprise et/ou les représentants du personnel afin de mettre en œuvre des mesures adaptées. Une procédure interne peut être mise en place pour traiter ce type de phénomène et une charte de référence peut être diffusée et affichée pour rappeler la procédure à suivre le cas échéant. Rappelons en effet que les salariés peuvent reprocher au chef d’entreprise son inaction devant cette situation de crise. Des dommages et intérêts peuvent alors être légalement exigés.
Étape n°5 : le soutien du salarié agressé
Il va de soi que l’employeur doit apporter son soutien au salarié victime de violence au travail. S’il ne peut rien lui imposer, il doit lui proposer des mesures d’accompagnement adaptées et les contacts lui permettant de mettre en place un soutien médical, un soutien psychologique et/ou un soutien juridique en fonction du contexte et des événements.
Tout manquement à cette obligation peut être considéré comme une inaction et impliquer la responsabilité du chef d’entreprise.
Comment prévenir la violence en entreprise ?
La prévention de la violence en entreprise commence par un rappel des bases de la communication au travail.
La communication verbale
Il s’agit de la manière dont les salariés se parlent entre eux. Cela comprend donc le vocabulaire choisi, le ton employé ainsi que le volume sonore.
Ainsi, dans le cadre de la communication verbale, il est important de respecter les conseils suivants :
- il est indispensable de témoigner de l’attention à la personne qui communique avec vous et de lui accorder votre attention ;
- il vous faut rester calme ;
- parlez-lui en toute conscience (soyez vigilant dans vos termes, votre ton, le volume, etc.) ;
- parlez-lui avec douceur et respect, de manière simple et adaptée ;
- écoutez-la sans l’interrompre ;
- évitez les critiques ;
- ne proposez pas de conseils lorsqu’ils ne vous sont pas demandés ;
- invitez la personne à s’exprimer, mais ne lui demandez pas de se calmer ;
- restez silencieux pour favoriser un retour au calme le cas échéant.
La communication non verbale
La communication non verbale s’attache aux gestes, à la posture, au langage corporel, à la manière dont une personne utilise son corps pour communiquer, ce qui aura tendance à apaiser une situation ou, au contraire, à l’aggraver.
Voici nos conseils :
- adoptez une posture apaisée, détendue avec les mains relâchées lorsque vous interagissez avec un collaborateur ;
- placez-vous à son niveau (assis si cette personne est assise, debout si elle l’est, etc.) ;
- laissez-lui de l’espace pour ne pas vous montrer trop oppressant.
La violence physique
Si un acte violent éclate entre deux collaborateurs, le chef d’entreprise se doit d’intervenir. Il lui incombe en effet de veiller à ce que ses salariés soient en sécurité, mais il lui faut également éviter d’être blessé.
Voici quelques conseils à suivre :
- évitez toute intervention directe dans un conflit physique si vous n’êtes pas formé ou si vous risquez d’être blessé ;
- si une arme est présente, n’intervenez pas et contactez la police ;
- vous pouvez appeler à l’aide une personne formée, voire interpeler un témoin de la scène ;
- néanmoins, demandez à chacun des témoins ou personnes présentes de se retirer en les nommant par leur prénom ;
- parlez d’une voix calme et ferme aux personnes en conflit, sans crier, en les nommant par leur prénom, pour les inviter à cesser de se battre, tout en gardant une certaine distance ;
- évitez tout parti pris entre les concernés ;
- rappelez la politique de l’établissement en indiquant que le fait de se battre est contraire aux règles et proposez à chacun de s’isoler dans une pièce différente.
Qui alerter en cas de violence en entreprise ?
L’employeur se doit d’agir. En cas de violence en entreprise, il lui faut alerter les institutions représentatives du personnel ainsi que l’inspection du travail.
Rappelons également que l’employeur doit identifier et inscrire toute situation à risque au sein du Document unique d’évaluation des risques (DUER) afin de mettre en place des mesures de prévention et de protection collective appropriées.
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