Comment estimer la valeur réelle d'une entreprise ?

À l'occasion de la cession ou de la reprise d'une entreprise en particulier, connaitre sa valeur réelle est une question que tout entrepreneur se pose forcément. Cet indicateur, qui ne doit pas être confondu avec le prix d'une entreprise qui dépend de l'offre et de la demande sur un marché donné et à une période précise, est estimé sur la base de critères différents, mais aussi divers, qui peuvent être en lien avec le patrimoine de son entreprise (bâtiment, machines, etc.), immatériels (marque, brevet, ou encore fichier clients par exemple), ou encore sa rentabilité.
C'est pourquoi il existe plusieurs méthodes pour estimer la valeur réelle de son entreprise qui se complètent entre elles car elles donnent chacune une vision différente de cette valeur dont nous vous présentons les principales ici. Compte tenu de la relative complexité de ces différentes méthodes, il est vivement conseillé néanmoins de faire appel à des professionnels experts dans ce type d'évaluation d'autant que chaque entreprise demande une estimation de sa valeur réelle parfaitement adaptée à son propre profil.
Évaluer le patrimoine de son entreprise
L'une des méthodes qui permet d'estimer la valeur réelle de son entreprise est appelée la méthode d'évaluation patrimoniale, soit la valeur des biens de son entreprise.
Cette méthode se base sur la mesure de l'actif net comptable de son entreprise, c'est-à-dire qu'elle revient à considérer ce qu'elle possède une fois ses dettes déduites.
Cette manière d'estimer la valeur réelle d'une entreprise, vue du côté de son patrimoine donc, se sert du bilan comptable.
Ce dernier présente en effet à son actif chaque bien que possède une entreprise, évalué d'après leur coût d'acquisition et, selon les cas, diminué de leur coût d'amortissement ou de dépréciation.
Un bilan comptable est aussi constitué d'un passif qui mentionne les ressources qui ont permis d'acquérir les biens présentés à son actif. Certaines de ces ressources prennent la forme de dettes pour l'entreprise si elles ne sont pas encore entièrement remboursées, s'il s'agit d'un emprunt par exemple.
L'actif net comptable qui sert à estimer la valeur réelle de son entreprise avec cette méthode d'évaluation patrimoniale représente la différence entre l'actif net du bilan et le passif exigible en prenant en compte les provisions pour charges.
Cet actif net comptable dit "moyen" est calculé pour l'année d'exercice en cours et sur les 2 années qui la précèdent en appliquant des coefficients croissants selon les années qui ont pour but de donner davantage d'importance aux exercices les plus récents.
Pour s'approcher au plus près de la valeur réelle de son entreprise de cette manière, cet actif net moyen doit cependant être corrigé et ajusté poste par poste.
Ainsi, certains biens (immobiliers matériels, stocks, etc.) de l'entreprise doivent être réévalués s'ils ont pris ou perdu de la valeur depuis leur acquisition ; d'autres, financés à l'aide de crédits, doivent être réintégrés, tout comme des éléments du passif qui ne paraissent pas dans cette partie du bilan comptable comme, par exemple, les provisions pour des événements exceptionnels (départ à la retraite d'un salarié, dépollution d'un site de l'entreprise, réparation de ses locaux, etc.).
De la même manière, l'estimation de la valeur réelle de son entreprise grâce à cette méthode demande de ne pas prendre en compte des éléments qui n'ont aucune valeur économique comme c'est le cas, par exemple, pour les frais de recherche et de développement d'une société.
La méthode d'évaluation patrimoniale est assez simple à mettre en place pour estimer la valeur réelle de son entreprise mais elle connait certaines limites.
Il s'agit d'abord d'une photographie du patrimoine de son entreprise à un moment T qui ne prend donc pas en compte des changements récents dans la vie d'une société.
D'autre part, cette mesure de la valeur d'une entreprise n'intègre pas le niveau de rentabilité de cette dernière.
C'est pourquoi il est nécessaire de cumuler d'autres indicateurs pour s'en approcher au plus près.
Estimer la rentabilité de son entreprise
La rentabilité d'une entreprise désigne sa capacité à procurer un bénéfice. Un élément important donc également pour estimer la valeur réelle de son entreprise même s'il ne doit cependant pas être considéré isolément car la rentabilité ne tient notamment pas compte du patrimoine d'une entreprise.
La rentabilité de son entreprise peut être mesurée par rapport à sa situation les années passées, mais aussi pour celles à venir (en intégrant un taux de rendement qui permet de tenir compte du risque que cette performance ne soit pas certaine), un avantage en particulier quand on cherche à estimer la valeur d'une entreprise en vue de la céder.
Dans ce cas, la valeur d'une entreprise est égale à son résultat auquel est appliqué ce taux de rendement.
Pour calculer cette rentabilité, plusieurs indicateurs économiques et comptables d'une entreprise peuvent être utilisés. Il s'agit des différents soldes intermédiaires de gestion (SIG) suivants qui apparaissent dans le compte de résultat d'une entreprise :
- l'excédent brut d'exploitation (EBE ou EBITDA pour son terme anglo-saxon) qui mesure la performance économique d'une entreprise après le paiement des impôts indirects et des charges de personnel ;
- l'excédent net d'exploitation (ENE ou EBIT) ;
- le résultat courant avant impôt (RCAI) qui correspond à la somme du résultat d’exploitation et du résultat financier d'une entreprise ;
- le résultat net (RN) qui représente ce dont une entreprise dispose réellement une fois toutes ses charges et ses produits comptabilisés, y compris l'éventuel versement aux salariés d'une participation au résultat de l'entreprise ou le paiement des impôts sur les bénéfices dus ;
- la capacité d'auto-financement (CAF), aussi appelée "cash-flow d'exploitation", c'est-à-dire l'ensemble des ressources internes d'une entreprise qui permettent d'assurer son financement.
Selon le solde intermédiaire de gestion utilisé pour évaluer la rentabilité de son entreprise et ensuite pouvoir estimer sa valeur réelle, pour plus de précision il peut être nécessaire d'intégrer les dettes financières de son entreprise, soit les emprunts, les crédits et les découverts auprès d'établissements bancaires. C'est le cas avec l'EBE et l'ENE qui n'intègrent pas ces dettes.
De plus, de la même manière que la méthode d'évaluation patrimoniale, l'estimation de la valeur réelle de son entreprise par le biais de sa rentabilité demande d'autres types d'ajustements.
Ainsi, il convient de prendre en compte aussi en plus la rémunération du chef d'entreprise, les loyers payés, certains éléments exceptionnels ou provisions, tout comme la trésorerie de l'entreprise, c'est-à-dire l'excédent de liquidité et de placement dont elle dispose régulièrement.
Comparer son entreprise avec la valeur d'autres similaires
Il existe encore une autre méthode pour estimer la valeur réelle de son entreprise : la méthode d'évaluation par comparaison, dite aussi "méthode des barèmes".
Ce type d'estimation est principalement basé sur la prise en compte du chiffre d'affaires de son entreprise pour le comparer à celui d'autres sociétés qui présentent un profil assez similaire dans le même secteur d'activité, et dans le même secteur géographique, et qui ont été cédées ou reprises récemment.
Pour cette comparaison, il est utile de s'informer des barèmes ou coefficient publiés en lien avec ces types de transactions qui constituent des indices de référence en rapport avec la valeur d'une entreprise selon son secteur d'activité.
Ces barèmes et coefficients sont en principe rendus publics dans des magazines spécialisés, par les chambres consulaires, les fédérations et syndicats professionnels, mais aussi les chambres de notaires, les experts-comptables, les agents immobiliers, etc.
Concrètement, cette méthode, qui se base sur la comparaison de son entreprise avec la valeur d'autres qui ont fait l'objet d'une cession ou d'une reprise, consiste à rechercher une valeur indicative de sa société en appliquant ces étapes :
- prendre les 3 derniers comptes de résultat et relever pour chacun le chiffre d'affaires qui est exprimé hors taxes ;
- calculer le montant TTC de chaque chiffre d'affaires (en y intégrant la TVA collectée) ;
- faire la moyenne de ces 3 chiffres d'affaires ;
- appliquer à cette moyenne les barèmes officiels des transactions récentes constatées dans son secteur d'activité présentés sous la forme de pourcentages ou de coefficients multiplicateurs.
Au même titre que les deux précédentes méthodes d'estimation de la valeur de son entreprise présentées précédemment, celle qui utilise la comparaison avec d'autres entreprises du même secteur d'activité demande d'être ajustée pour s'approcher au plus de cette valeur réelle.
Ainsi, il est judicieux de prendre en compte parallèlement les points forts de son entreprise (son emplacement, sa qualification, la reconnaissance de ses produits ou services, etc.), tout comme ses points faibles, des indicateurs qui permettent d'augmenter ou de diminuer la valeur indicative obtenue pour son entreprise grâce à la méthode d'évaluation par comparaison.
Dossiers similaires
-
Qu'est-ce qu'un compte courant d’associé ? Quelle utilité ? À un moment de son existence, une entreprise peut avoir des besoins de financement pour renflouer sa trésorerie notamment. Elle peut alors décider d’augmenter son capital, ce qui implique...
-
Qu'est-ce que le Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale (PMSS) ? Utilité et fonctionnement En France, une grande partie des cotisations sociales versées par les salariés et les employeurs qui servent à financer des prestations sont plafonnées, c'est-à-dire que leur montant ne peut pas...
-
Comment choisir son expert-comptable ? Qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, les entreprises peuvent avoir besoin d’un expert-comptable. Mais vers qui se tourner ? Ces professionnels de la finance sont nombreux et il n’est...
-
Faut-il externaliser sa comptabilité ? Avantages et inconvénients Toute entreprise est contrainte de gérer sa comptabilité au quotidien en raison de ses obligations envers l’administration fiscale. Il est possible d’opter pour une gestion interne ou pour une...
-
Auto-entrepreneur : comment gérer un contrôle Urssaf ? Comme toutes les entreprises, un auto-entrepreneur peut faire l'objet d'un contrôle de l'Urssaf destiné à vérifier s'il déclare de la bonne manière ses cotisations et contributions sociales,...
-
Qu'est-ce qu'un centre de gestion agréé (CGA) : utilité, fonctionnement, avantages Pour se faire aider en matière de gestion et de comptabilité, un chef d’entreprise dispose de plusieurs solutions. Il peut faire appel à un expert-comptable, à des associations agrées (AA) ou...
-
Saisie conservatoire en cas de factures impayées : quel fonctionnement ? Lorsqu’un débiteur ne règle pas ses dettes, le créancier peut solliciter une saisie conservatoire. Ce dispositif consiste à mandater un huissier de justice pour dresser l’inventaire des biens...
-
Peut-on transmettre gratuitement son entreprise à ses enfants ? Un chef d’entreprise peut décider de transmettre son entreprise à ses enfants. Ce geste peut être gratuit et donner lieu à une donation, ou s’inscrive dans le cadre d’une vente. Le don est...
-
Impôts sur la production : pour qui, quand, comment ? Les impôts sur la production, dus par les entreprises, sont difficiles à définir précisément car ils en existent une myriade, plus d'une dizaine. En se basant sur certaines définitions...
-
Comment estimer les charges de sa micro-entreprise ? Créer une microentreprise présente l'avantage de pouvoir créer et développer une activité professionnelle très simplement grâce à des formalités simplifiées pour les entrepreneurs...
-
Bail commercial 3-6-9 : pourquoi ces durées ? Quelles alternatives ? Comme son nom l’indique, un bail commercial 3-6-9 permet de louer un local à des fins commerciales, industrielles ou artisanales sur une longue période, au moins 9 ans. Mais, ce type de contrat...
-
Comment choisir son comptable ou expert-comptable ? Toutes les entreprises sont contraintes par la loi de tenir une comptabilité que leur activité soit commerciale, artisanale ou libérale et qu’il s’agisse d’une entreprise individuelle (sauf...

